Je suis partie… | « La miséricorde vécue » selon le père Piumatti

Extrait des journaux du Père Piumatti, père de Pinerolo et missionnaire au Nord-Kivu pendant 50 ans. Dire à l'Afrique et lui rendre sa parole est un geste de miséricorde envers elle

En Europe, en Amérique, on produit beaucoup, on consomme de plus en plus, et on… on génère du gaz.
Au Pôle, loin de nos yeux, des montagnes de glaciers fondent.
Et au milieu, il y a nous, nous tous.

Qu'ai-je laissé derrière moi à Muhanga pour venir ici ?

J’ai laissé Gerlas, Isaki, Sokì… des enfants qui sont allés à l’école ce matin, pieds nus, certains faisant 6 – 7 km ; sans même une tasse de thé, sans un sandwich pour la récréation ; un bic et deux cahiers dans un sac plastique ; est-ce qu’ils mangeront à 1h, en rentrant à la maison ? non, ils mangeront ce soir en famille.

C'était comme ça en juin, c'est comme ça aujourd'hui, demain...; pour combien de temps encore ?-J'ai laissé trois familles vivre toutes ensemble dans une seule
cabane, la cabane de Mwenge.

Dans cette hutte mesurant 8 x 8 m se trouve sa femme Ermelinda avec leurs enfants Ombeni, Tuliza, Isaki, Mwanga
(Mapendo est parti il ​​y a trois ans pour être soldat, ils lui ont donné un fusil, on ne sait pas où il est, il avait dix ans).

Deux autres familles, échappées de leur village, y ont trouvé l'hospitalité ; et maintenant elles vivent toutes ensemble, utilisent les mêmes casseroles, les mêmes couvertures, les seules houes. Mwenge les a accueillies avec joie car lui aussi, il y a longtemps, a été accueilli quand il a dû fuir.

Aujourd'hui, dans notre seule région, plus de 150,000 XNUMX familles vivent de cette façon. Dans notre Zaïre, après environ huit ans de guerre, on ne trouve pas de camps de réfugiés : chaque cabane est un camp de réfugiés, et le HCR, l'UNICEF, l'OCHA, le PAM, très organisés, ne font même pas semblant de le savoir, ils ne répondent pas à leurs plans.

J'ai quitté une guerre qui dure depuis des années. Pas d'avions, pas de bombes intelligentes, juste des kalachnikovs et des machettes, mais elles tuent.
Ils ont sauvagement tué notre Kitoli, à coups de machette, homme juste.
Ils ont tué Paluku, blessé à une jambe, il n'a pas pu être sauvé, il s'est vidé de son sang.
Ils ont blessé Anna parce qu'elle n'avait pas un dollar à donner.
Ils ont percé le ventre du fils de Floribert, âgé de 12 ans, il faisait ses devoirs dans la cabane.

Et ainsi 3 millions de nos frères en plus. - J'ai laissé derrière moi beaucoup de gens qui m'ont dit : « Ne reste pas en Italie. Reviens ! Et reviens avec quelqu'un d'autre. »

La fonte des glaciers – si nous ne changeons rien ici.

Source et image

  • Père Giovanni Piumatti, Fiori selvaggi… profumo d'Afrique, pp. 26-27

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